Le son fait défaut au tableau comme à la sculpture. Pourtant, la voix est le premier signe du vivant. Elle est une musicalité dont les intonations donnent sens aux mots. Elle est indice d'une présence, d'une altérité. On y lit un genre masculin ou féminin, un ton, une impatience, une animosité ou une tendresse, une bienveillance.
Faire émerger une voix, au singulier, c'est opérer, dans le magma confus des voix, une soustraction où elle devienne unique.
Tel est le chemin de l'artiste.
La main n'avance pas seule. Elle connaît une aventure où elle se sent grandir et surmonter les écueils de l'histoire du sujet. Elle entend combien, en parlant aux yeux, elle cherche à toucher l'âme.
Elle aime la poésie du sensible. Cette poésie est un refuge pour respirer et vivre, forger un art du vivant.
Le tableau, posé à plat sur la table, ne met pas la main en surplomb ; il est dans une horizontalité où mieux communiquer avec l'objet.
Le tableau, posé verticalement, est un inattendu. Le toucher se fait "regard" et une dynamique s'instaure où s'éveille la mémoire endormie du corps. La sculpture apporte une distance.